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Joseph ZOBEL, Homme de Lettres Martiniquais

- Hommage 5 -

Tony MARDAYE

Joseph Zobel ou  le conteur des chants de la canne à sucre

Il est des hommes dont le destin les pousse vers des ailleurs, se détachant du contexte les ayant forgé, de la terre les ayant nourri pour s’insérer dans une réalité d’adoption, une terre choisie. Joseph Zobel sans contexte fut l’un de ces hommes, et pourtant son talent s’enracinait dans une perception accru, un ressenti à fleur de peau, de cet univers martiniquais d’une époque où la misère et le Nègre se fusionnait, ils en étaient même devenus synonyme.

Il parla de son monde, de celui des petites bandes, des amarreuses, des coupeurs, des géreurs, il parla du monde de la canne, de la dureté de la vie d’alors et de la rue Case-Nègres. Il parla des gens du peuple, des paysans, des bougresses qui couraient après quatre sous, de la déveine du Nègre, de la malchance à être né noir sur une terre qui sortait à peine de l’esclavage, et où tout était fait pour que le Nègre n’ait que compagne que la misère et ne fasse couche qu’avec la résignation et le dénuement.

Mais l’espoir réside dans le cœur des femmes et dans le cœur des mères,  il s’en échappa et quitta le destin que sa condition sociale le prétendait. Car la force réside dans la volonté des femmes et des mères et grâce à elle, Joseph Zobel ne connut pas la destinée de ses compagnons de jeux, dont la vie ne serait qu’une peau de chagrin : suer sous un soleil chaud, suer dans les champs de cannes à sucre du béké, trimer pour enrichir l’autre et perpétuer la malédiction. Il n’emprunta pas le chemin de ces Nègres vaillants, durs à la tache, fort comme deux, il fit des études, brillant bachelier, redonnait espoir au sien, au noir, au neg blé, au neg kongo, sans doute ! Mais le problème de couleur persistait dans cette société de plantation, qui fit sa révolution sans mettre à mal  le sang de l’oppresseur. Il était  Nègre, il était noir dans un pays ou le regard du blanc brûlait les yeux du Nègre, et où les mulâtres méprisaient leur mère. Alors, le Nègre de céans traversa l’océan, prenant femme et enfants et partit vers la métropole. A-t-il trouvé une échappatoire à sa couleur, a t’il échappé à l’étouffement des lieux ou est-il parti  pour échapper aux souvenirs ?  De ses souvenirs, il les conta, nous les relata, les partageant avec nous.  Ils sont ce qu’ils sont, le témoin d’une époque, un vestige du passé. Ils disent comment était  l’avant, décrivent l’alors, celui du temps d'antan, et nous montre le chemin parcouru, énorme, et pourtant  il reste tant à faire encore.

Il s’expatria à nouveau et s’en alla où tout avait commencé. Il préféra le chêne au fromager et le baobab au chêne.  Il fit sa carrière dans ce pays dont nous portons  l’essence et une trace en nous, mais qui est si loin de nous, mais auquel on nous ramène sans cesse.

Quoi qu’il fit et ou qu’il alla, il portait son pays dans son cœur et sa terre dans sa main. Ses écrits en témoigne, ses écrits laissent croire qu’il fut un homme de cœur, il y avait dans ses textes de la tendresse, de l‘amour pour les siens et aussi pour les hommes, car ses livres parlaient à l’enfant que j’étais, et émeuvent encore le cœur de l’homme que je suis devenu.

Paix à son âme qu’il aille en paix !

A propos de l'auteur

Tony MARDAYE est né en Martinique en 1962 dans le quartier des Terres-Sainvilles. Juriste spécialisé en Droits Humains et en Action humanitaire, économiste en aménagement du territoire et en développement local, diplomé en histoire des techniques, il milite au sein du Collectif DOM.

Tony MARDAYE vit actuellement à Paris.
Il collabore régulièrement au site Internet antillais Pyépimanla.com.

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Juin 2006